Pavé de Mémoire en souvenir de Gizela Eisdorfer-Ova - 19 novembre 2021
"Ici habitait Gizela Eisdorfer-Ova, née en 1917, arrêtée le 12 octobre 1942, assassinée à Auschwitz". Pour ne jamais oublier, transmettre l’histoire et lutter contre l’anti-sémitisme, ce vendredi 19 novembre 2021, un Pavé de Mémoire dédié à Gizela Eisdorfer-Ova a été posé dans le trottoir devant le n°6 de la rue Vandermaelen à Molenbeek-Saint-Jean. Son adresse quand, à l’âge de 25 ans, au moment de la Seconde Guerre Mondiale, elle a été arrêtée et déportée à Auschwitz. Parce qu’elle était juive. On ne connaît pas avec certitude la date de sa mort, peut-être en 1943.
Les "Pavés de Mémoire" sont des cubes en laiton qui portent l’inscription du nom et de la destination d’une victime de la Shoah. Ils sont implantés devant la maison des déportés, sur le trottoir qu’ils foulèrent pour la dernière fois avant d’être envoyés vers les camps de concentration. La symbolique de l’action est d’autant plus importante que nombre de ces victimes n’ont eu droit à aucune sépulture.
Ce nouveau Pavé de Mémoire s’ajoute aux autres déjà posés à Molenbeek-Saint-Jean à l’initiative des familles et de l’Association pour la Mémoire de la Shoah : 14 rue de la Princesse, en souvenir de Joseph Elberg et Hinda Estera Elberg-Bitter ; 87 chaussée de Gand, où vivaient Doba et Szifra Libeskind, assassinées à 16 et 18 ans ; rue de la Perle 10 en mémoire d’Etrusco Benci ; chaussée de Gand, 110, pour René Comhaire et 35 rue Pierre-Jean Demessemaeker, en mémoire de Charles Verbist.
À la famille de Madame Gizela Eisdorfer-Ova, présente ce 19 novembre, la Bourgmestre Catherine Moureaux a tenu à déclarer : "Inaugurer un tel pavé en l’honneur d’une habitante de notre commune disparue en déportation ne relève pas du symbolique. Je souhaite que ce soit un acte partagé de mémoire. Un acte engagé. Un acte qui aura raison de l’oubli et qui aura vocation de transmettre aux Molenbeekois d’aujourd’hui et aussi à ceux de demain, un message de vigilance et de résistance".
Catherine Moureaux souligna aussi la lâcheté de certains responsables et fonctionnaires molenbeekois de l’époque, qui avaient établi et livré à l’ennemi un registre reprenant les noms des citoyens molenbeekois d’origine juive.
"Mon père, Philippe Moureaux, Bourgmestre à l’époque du 60ème anniversaire de la libération des camps en 2005, s’était trouvé particulièrement ému et surtout ardemment révolté, au moment où il découvrit, presque par hasard, une copie de cette liste, dans un tiroir de son bureau". Et de rappeler qu’il avait tenu à présenter des excuses publiques pour ce monstrueux moment de l’Histoire de notre commune, à l’occasion d’une cérémonie émouvante au Château du Karreveld rassemblant les Molenbeekois d’origine israélite. "Je souhaite aujourd’hui, renouveler ces excuses pour ces comportements abominables et inexcusables de ceux-là, qui exerçaient à l’époque des responsabilités communales", déclara Catherine Moureaux à la famille de Gizela Eisdorfer-Ova.
S’adressant également aux enfants des deux classes de 6e primaire de l’école communale n°9 (baptisée du nom de la résistante Augusta Marcoux) venus assister à l’événement, la Bourgmestre a évoqué l’enfer des derniers mois de la vie de la jeune femme, dans le froid, la faim, la séparation, l’incertitude, la peur. "Jamais dans l’histoire de l’humanité, pourtant ‘riche’ en tragédies et lourdes de crimes, depuis la nuit des temps, jamais l’être humain n’avait utilisé son intelligence au service de la mort 'industrielle'", souligna la Bourgmestre. "Jamais il n’avait bâti de telles usines pour exterminer des hommes et des femmes, coupables du seul fait d’être nés". Six millions des neuf millions de Juifs que comptait alors l’Europe ont été assassinés. La Bourgmestre dit encore aux enfants : "Ces camps nous montrent où mènent les préjugés, la haine gratuite, le refus de reconnaître l’être humain dans une autre différence de soi".
Aujourd’hui, plus de 76 ans après la libération des derniers camps, alors que les survivants et les témoins disparaissent peu à peu, mais alors que survivent encore l’antisémitisme et le négationnisme, que ce Pavé de Mémoire gravé du nom de notre jeune concitoyenne molenbeekoise Gizela Eisdorfer-Ova rappelle aux passants que des hommes, des femmes et des enfants de Molenbeek-Saint-Jean en sont morts et qu’on ne peut pas oublier.
19/11/2021
Actions sur le document